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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/310

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CORRESPONDANCE.

que je le supplie de vouloir bien prendre les mesures nécessaires pour arrêter le débit de cette édition furtive.

Je viens d’apprendre que ce même Valade a été l’imprimeur des Trois Siècles et d’une lettre à moi adressée, qui sont, dit-on, des libelles diffamatoires composés par un nommé Sabatier et par un nommé Clément, remplis des plus horribles calomnies.

J’ignore quel est le secrétaire de la librairie qui a succédé à M. Marin. Mon âge et mes maladies m’ont privé de toute correspondance avec les gens de lettres. Souffrez que je vous rappelle ici les sentiments avec lesquels vous m’avez prévenu. Je vous supplie de me les continuer et de vouloir bien montrer ma lettre à M. de Sartines.

J’ai l’honneur, etc.

8761. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].

Il est clair que la pièce imprimée par Valade l’a été sur le manuscrit de M. d’Argental, car on y trouve ce vers :


Tout pouvoir a son terme, et cède au préjugé,


Il y a dans mon manuscrit, et dans l’édition de Cramer, tout pouvoir a sa borne ; M. d’Argental a voulu absolument son terme. Il n’a pas songé qu’avoir son terme signifie finir ; tout pouvoir finit, et cède au préjugé, n’a pas de sens ; et s’il en forme un, c’est celui-ci : tout roi est détrôné par le préjugé, ce qui est absurde. Il ne faut que trois ou quatre contre-sens pareils pour gâter entièrement une scène passable. Si c’est vous qui avez fait cette correction, vous avez été dans une grande erreur. Il est plus difficile d’écrire correctement qu’on ne pense ; mais aussi rien ne m’est plus aisé que de vous dire combien mon cœur est plein de reconnaissance et d’attachement pour vous, et qu’il ne cessera de vous aimer que quand il cessera de battre.

8762. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE.
À Ferney, 8 février.

Je vous ai un peu grondé, mais je ne vous en aime pas moins. Il est vrai que si on avait été tout d’un coup à monsieur

  1. Ce billet ou fragment de lettre avait été jusqu’alors cousu comme postscriptum à la lettre a Thibouville du 28 décembre 1772. Il ne peut être que de fevrier 1773.