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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/325

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année 1772.

On assure que Pompignan est auteur, dans les Trois Siècles, de l’article de Raton, que Bertrand n’a point lu, et, ce qui est plus plaisant, de son propre article à lui Pompignan. Savatier l’avait fait, et l’avait montré à Simon Le Franc. Simon Le Franc n’a pas été content, et a pris le parti de s’en charger.

8777. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
27 février.

De Profundis. Avec la fièvre double tierce, une toux convulsive, la goutte et une strangurie, je ne perdrai pas des moments précieux avec ce polisson de Valade ; je les emploierai à dire à mon cher ange que je l’aimerai jusqu’au tombeau, dont je suis assez près.

Je lui envoie ma déclaration sur le procès de M. de Morangiés, et ma réponse à cet avocat Lacroix, qui fait je ne sais quel Spectateur. Je suis devenu par une singulière fatalité partie dans cette affaire. Je me défends, et je crois me défendre en honnête homme et en homme modéré. Ce travail a pu augmenter ma maladie ; mais il valait mieux mourir que de ne se pas justifier.

J’embrasse mes anges, mort ou vif.

8778. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 29 février[2].

J’ai reçu votre lettre et vos vers charmants[3], qui démentent sans doute votre âge. Non, je ne vous en croirai point sur votre parole : ou vous êtes encore jeune, ou vous avez coupé au Temps ses ailes.

Il faut être bien téméraire pour vous répondre en vers, si vous ne saviez pas que les gens de mon espèce se permettent souvent ce qu’on désapprouverait en d’autres. Un certain Cotys, roi d’un pays très-barbare, entretint une correspondance en vers avec Ovide exilé dans le Pont. Il doit donc être permis aujourd’hui à un souverain d’un pays moins barbare d’écrire à l’Apollon de Ferney en langage welche, en dépit de l’abbé d’Olivet et des puristes de son Académie.


Non, je ne veux plus à Paris
Avoir de courtier littéraire :

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’année 1773 n’étant pas bissextile, le mois de février n’avait pas vingt-neuf jours. Il y a eu sans doute erreur de la part du roi de Prusse : car la lettre 8788 rappelle la date du 29 février. Les Œuvres posthumes datent cette lettre du 27 février.
  3. Lettre du 1er février, No 8747.