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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/389

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année 1772.

comme deux gouttes d’eau à une momie d’Égypte mal conservée.

Je conclus de tout cela que vous êtes bien généreux d’envoyer des vers de votre royaume de Chenevières à ma solitude des Alpes ; je ne puis que vous remercier de vos bienfaits, mais non pas y répondre.

8846. — À M. DE LA BORDE[1].
19 mai.

Mon cher Orphée, je suis aussi intéressé que vous dans cette affaire délicate. J’ai assurément autant d’envie que vous qu’elle réussisse ; mais je vous conjure de ne la point gâter et de ne la point rendre impraticable. Elle échouerait infailliblement si je faisais la moindre démarche avant d’avoir reçu la réponse à la lettre que j’ai écrite, et on vous en saurait, comme à moi, un très-mauvais gré. Vous savez que je suis dans une position assez équivoque. Vous sentez bien d’ailleurs que, si on faisait la moindre tentative pour forcer la main à l’homme de qui la chose dépend[2], il aura mille moyens de rendre nos efforts inutiles, et mille autres moyens de se venger sur moi d’avoir entrepris de l’assiéger et de le forcer dans sa ville capitale.

Encore une fois, mon cher Orphée, attendons sa réponse ; que ce petit délai ne vous empêche pas d’embellir votre ouvrage lorsque vous vous sentirez inspiré. Le génie n’a besoin de personne ; il est indépendant de tout, il est au-dessus de toutes les difficultés, il aplanit tous les obstacles.

Écoutez ce génie et ma tendre amitié. Soyez bien persuadé que j’ai le cœur déchiré ; et un de mes plus grands chagrins est de ne pouvoir vous montrer mes blessures.

8847. — À M. BORDES[3].
19 mai.

Mon cher confrère, j’aurais dû vous remercier plus tôt de m’avoir envoyé des dames dignes d’être vos parentes ; mais j’aurais dû aussi être un peu plus digne d’une pareille visite. J’étais cruellement malade lorsqu’elles me firent l’honneur de venir à

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Richelieu.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.