Vous devez avoir reçu l’ouvrage[1] d’une autre manufacture qui ne coûtera rien au roi. Celle-là me tient plus à cœur que toutes les autres. On aime toujours son premier métier, et quoique j’aie détruit mon théâtre pour bâtir des maisons d’horlogers, j’aime toujours mieux des tragédies que des cadrans. Je pourrais me vanter à M. l’abbé Terray d’être un bon laboureur et de faire croître du blé dans des champs maudits, où il n’y avait pas même d’herbe depuis la création. Mais ma passion l’emporte sur tout cela ; je suis pour les vers ce qu’est La Borde pour la musique.
Mon héros sait le pouvoir des passions, et il les excuse. Je lui demande donc son indulgence, en attendant que j’en aie une du pape in articulo mortis. Je le supplie d’être toujours un peu sensible au tendre respect du vieux bonhomme V.
P. S. Il est supplié de vouloir bien me dire s’il veut la chaîne de montre pour homme ou pour femme.
Raton sera toujours prêt à tirer les marrons du feu pour le déjeuner des Bertrands. Raton ne craint point de brûler ses pattes. Le temps approche où il n’aura bientôt ni pieds ni pattes ; il faut qu’il s’en serve jusqu’au dernier moment pour l’édification du prochain. Donnez donc, mon cher ami, cette lettre[2] à Marmontel-Bertrand, second du nom. Il faut absolument que j’aie la correspondance du bienheureux abbé Sabatier[3]. En attendant, priez Dieu pour moi.
Soit que les commentaires des anciennes tragédies vous occupent, mon cher confrère, soit que vous donniez des lois aux Incas (qui, par parenthèse, sont vengés aujourd’hui[4] par messieurs du Chili), soit que vous instruisiez nos jeunes princesses
- ↑ Les Lois de Minos.
- ↑ La lettre suivante.
- ↑ Dictionnaire de littérature, 1770, trois volumes.
- ↑ Voyez le premier alinéa de la lettre 8903.