Je vous renvoie, monsieur, le Chinois de M. de La Condamine. Un jeune homme de beaucoup de talent, que je possède dans ma chartreuse, s’est amusé à rajuster et à raccourcir les habits de cet honnête Chinois ; cela ne peut déplaire ni à Kien-long, son empereur, ni à son père, l’arpenteur du zodiaque, que j’aime toujours, malgré Fréron, La Beaumelle, et autres grands écrivains, qui font la gloire du règne de Louis XV.
Vous aurez probablement par la première poste, mon cher ami, quelque chose sur les révolutions de l’Inde et même sur les révolutions du bailliage du Palais. Il me paraît démontré que M. de Morangiés est entièrement innocent et s’est très-mal conduit, que Linguet ne s’est guère conduit mieux, que le bailliage s’est conduit encore plus mal, et que, si cette affaire était restée entre les mains de M. de Sartines, elle aurait été entièrement éclaircie en cinq ou six jours. Il y a bientôt trois ans qu’elle dure, et elle restera encore obscure après le jugement.
Je vous prie de m’envoyer le dernier mémoire de Linguet en faveur du chirurgien Ménager.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Voulez-vous bien faire parvenir cette lettre à M. d’Alembert ?
Vous avez du recevoir, mon cher ami, ou vous recevrez, ou vous demanderez chez M. de Sartines un paquet que je vous ai dépêché ce matin, et qui contient une histoire des dernières révolutions de l’Inde et du procès de M. de Lally. J’y ai joint, comme je vous l’ai mandé, un précis historique du procès de M. de Morangiés.
Si vous êtes content de l’Inde, demandez permission de faire imprimer ce petit ouvrage.
Mais, pour le Précis du procès de M. de Morangiés, je vous prie de le bien cacher, quand même vous en seriez content. Il faut