Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/497

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
487
année 1772.

aventure. Vous savez combien je m’intéresse à tout ce qui vous touche. J’ose dire que je m’intéresse aussi à la gloire du parlement de Paris, qui est attaquée dans le sujet de la pièce dont vous faites un épisode.

On m’a mandé que les Du Jonquay avaient osé présenter requête au conseil contre l’arrêt du parlement qui les condamne à des peines trop douces. Cette démarche me paraît aussi étrange pour le moins que cet épisode qui vous compromet dans une cause qui vous est absolument étrangère. Adieu, mon cher ami, je vous suis aussi attaché que je vous suis inutile.

8963. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Ferney, 28 octobre.

Monsieur Guibert, votre écolier
Dans le grand art de la tactique[1],
À vu ce bel esprit guerrier
Que tout prince aujourd’hui se pique
D’imiter sans lui ressembler,
Et que tout héros, germanique,
Espagnol, gaulois, britannique,
Vainement voudrait égaler.
Monsieur Guibert est véridique ;
Il dit qu’il a lu dans vos yeux
Toute votre histoire héroïque,
Quoique votre bouche s’applique
À la cacher aux curieux.
Vous vous obstinez à vous taire
Sur tant de travaux glorieux ;
Et l’Europe fait beaucoup mieux,
Car elle fait tout le contraire.

Ce M. Guibert, sire, fait comme l’Europe ; il parle de Votre Majesté avec enthousiasme. Il dit qu’il vous a trouvé en état de faire vingt campagnes ; Dieu nous en préserve ! mais accordez-vous donc avec lui, car il dit que vous avez un corps digne de votre âme, et vous prétendez que non : il est vrai qu’il vous a contemplé principalement des jours de revue ; et ces jours-là vous pourriez bien vous rengorger et vous requinquer comme une belle à son miroir.

  1. Le comte de Guibert venait de publier un Essai général de Tactique ; voyez tome VII, page 244, note 5.