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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/519

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Votre Tactique[1] m’a enchantée ; elle a fait cet effet à tout le monde : il y en a mille copies, et la première parole que chacun dit, c’est : Avez-vous lu la Tactique de M. de Voltaire ? Y a-t-il rien de plus charmant ?

J’ai seulement trouvé une personne[2] (et cette personne est un très-bel esprit, l’amie intime de M. Thomas) qui craint que vous n’ayez offensé le roi de Prusse. Cela n’est-il pas ineffable ?

Je vous fais des remerciements infinis de vos attentions ; continuez-les-moi : envoyez-moi tous vos cailloux ; ils sont plus précieux que tous les diamants qu’on a recueillis des temps passés, et ne peuvent entrer en comparaison avec ceux du temps présent. Oui, je le proteste, mon cher Voltaire, je n’admire que vous, et je ne puis en admirer d’autres.

J’ai dit à Mme de La Vallière que vous me parliez d’elle, que vous l’aimiez toujours : elle en a été flattée au delà de toute expression ; elle m’a chargée de vous le dire, et qu’elle avait deux de vos bustes sur sa cheminée : elle achète tous ceux qu’elle rencontre. Quand vous m’écrirez, qu’il y ait un article pour elle que je puisse lui montrer : elle se porte mieux. Que dites-vous de la mort de M. de Chauvelin[3] ? C’est une perte pour tout le monde ; nos philosophes diraient pour l’humanité.

8988. — À M. LE MARQUIS D’OSSUN[4].
Au château de Ferney, 28 novembre.

Monsieur, Votre Excellence me permettra de profiter de l’occasion qui se présente pour vous renouveler les sentiments de reconnaissance que je dois depuis longtemps à vos bontés.

Un jeune horloger français, correspondant de la colonie établie à Ferney, aura l’honneur de vous présenter cette lettre. J’ose vous demander votre protection pour lui. Il a autant de probité que d’intelligence, et je suis persuadé qu’il sera digne de vos bontés. J’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur, etc.

8989. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[5].
5 décembre.

Je suis bien affligé, mon cher ange, de la mort de M. de Chauvelin : voilà encore un ancien ami que vous perdez. Je n’es-

  1. Voyez tome X, page 167.
  2. Mme Necker.
  3. Le marquis de Chauvelin était de la société intime de Louis XV. Il fut attaqué subitement de convulsions, en se tenant près de la table où le roi jouait au piquet, et mourut aussitôt.
  4. Éditeurs, Bavoux et François.
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.