Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des draps de Sedan, et fut par conséquent plus utile au royaume que le faiseur de petits pâtés.

Cependant un nommé Clément, fils d’un procureur de Dijon qui n’exerce plus depuis 1771, s’avise de répéter cette sottise dans une brochure littéraire à moi adressée, intitulée Quatrième Lettre à M. de Voltaire, par M. Clément. À Paris, chez Moutard, libraire de madame la dauphine, rue du Hurepoix, à saint Ambroise. Ce Clément, chassé de Dijon, et demeurant à Paris, a été déjà mis en prison par la police.

Il dit, page 83, que le pâtissier Mignot est mon oncle. Je ne serais pas fâché d’avoir eu pour oncle un traiteur, si on avait fait bonne chère chez lui ; mais, dans un ouvrage de littérature, imprimé avec permission, et que tout le monde lit, cette petite calomnie jette un très-grand ridicule sur la tête à cheveux blancs d’un conseiller de grand’chambre, et avilit un corps que vous avez voulu honorer.

Les libelles contre les grands sont des grains de sable qui ne peuvent aller jusqu’à eux ; mais les libelles contre de simples citoyens sont des cailloux qui leur cassent quelquefois la tête.

Je finis, comme j’ai commencé, par vous demander pardon de vous importuner pour cette misère.

Je suis avec le plus profond respect et le plus sincère attachement, monseigneur, etc.

9007. — À M. D’ÉTALLONDE DE MORIVAL.
20 décembre.

Je commence par vous assurer, monsieur, que le mot de flétrissure dont vous vous servez en parlant de cette malheureuse affaire ne convient qu’à vos exécrables juges : ce sont eux qui seront flétris jusqu’à la dernière postérité, et c’est ainsi que pensent tous les honnêtes gens du royaume.

J’ai pris la liberté d’écrire plus d’une fois à votre sujet au monarque que vous servez. Il m’a répondu avec bonté qu’il aurait soin de votre avancement. Je suis d’ailleurs convaincu que, si le diocèse d’Amiens était en sa puissance, ce que vous demandez si justement serait bientôt fait.

J’ignore si, dans l’état présent des affaires de l’Europe, il serait convenable de demander la protection du roi de Prusse auprès du roi de France pour un de ses officiers né Français. J’ignore même si votre démarche ne pourrait pas faire craindre que vous