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ACTE IV, SCÈNE V. 437

Vous connaissez trop bien ces détestables lieux, Ce palais, plus rempli de malbeurs et de crimes Que vos goufïVes profonds regorgeant de victimes : Filles de la vengeance, armez-vous, armez-moi ; Venez avec la mort, qui marche avec TelTroi ; Que vos fers, vos flambeaux, vos glaives étincellent ; Oreste, Agamemnon, Electre, vous appellent : Les voici, je les vois, et les vois sans terreur ; L’aspect de mes tyrans m’inspirait plus d’horreur. Ah ! le barbare approche ; il vient ; ses pas impies Sont à mes yeux vengeurs entourés des furies. L’enfer me le désigne, et le livre à mon bras.

SCÈNE Y.

ELECTRE, dans le fond ; ORESTE, d’un autre côté ORESTE.

OÙ suis-je ? C’est ici qu’on adressa mes pas. ma patrie ! ô terre à tous les miens fatale ! Redoutable berceau des enfants de Tantale, Famille des héros et des grands criminels. Les malheurs de ton sang seront-ils éternels ? L’horreur qui règne ici m’environne et m’accable. De quoi suis-je puni ? de quoi suis-je coupable ? Au sort de mes aïeux ne pourrai-je échapper ?

ELECTRE, avançant un peu du fond du tliéAtre.

Qui m’arrête ? Et d’où vient que je crains de frapper ? Avançons.

ORESTE.

Quelle voix ici s’est fait entendre ? Père, époux malheureux, chère et terrible cendre, Est-ce toi qui gémis, ombre d’Agamemnon ?

ELECTRE.

Juste ciel ! est-ce à lui de prononcer ce nom ?

ORESTE.

malheureuse Electre !

ELECTRE.

Il me nonmie, il soupire !, Les remords en ces lieux ont-ils donc (jnchpie empire ? Qu’importe des remords à mon juste courroux ?