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168 DISSERTATION

Los Latins ont eu plusieurs tragédies sur ce sujet. Virgile {/En. IV, 471) le témoigne par ce vers :

Aut Agamemnonius scenis agitatus Orestes.

Ce qui donne à entendre que cette pièce était souvent représentée à Rome. Cicéron, dans le livre de Finibus, cite un fragment d’une tragédie A’Oresle, fort applaudie de son temps. Suétone dit que Néron chanta le rôle d’Oresto parricide ; et Juvénal (satire T"^, vers 3) parle d’un Oresle qui était d’une longueur rebutante, et auquel l’auteur n’avait pas encore mis la dernière main :

... Summi plena jam margine libri

Scriptus, et in tergo, necdum flnitus Orestes.

Baïf est le premier (jui ait traité ce sujet en notre langue ^ Son ouvrage n’est qu’une traduction de Y Éleclre de Sophocle : il a eu le sort de toutes les pièces de théâtre de son siècle. VEleclre de M. de Longopierre, faite en 1700, ne fut jouée, je crois, qu’en 1718 ^. Pendant cet intervalle, M. de Crébillon donna sa tragédie d’ Éleclre ^. Je ne connais que le titre de V Éleclre du baron de Walef, qui a paru dans les Pays-Bas*. Enfin M. de Voltaire

les nombreuses additions faites en 1757. Les idées de Dumolard sont absolument celles de Voltaire sur Corneille, sur Crébillon, sur les spectacles. Dumolard répète ce qu’on a déjà lu dans les préfaces de Sémiramis et d’Oreste. Sans parler du défaut d’exactitude dans les citations, je remarquerai l’affectation de ne pas nommer Voltaire une seule fois dans la seconde partie consacrée ù, l’examen de son Oreste. D’après tout cela, cette Dissertation n’aurait pas été admise, par mes pré- décesseras, dans les Œuvres de Voltaire, que je n’aurais pas hésité à l’y comprendre. (B.)

— Cette Dissertation a toujours accompagné la tragédie à’Oreste, même du vivant de Voltaire. On ne croit pourtant pas qu’elle soit de celui-ci, ou du moins n’est-ce que la troisième partie dont il serait l’auteur. Là, en effet, on retrouve bien sa marque ; mais quant aux deux autres tiers, copieux d’érudition, il faut, croyons-nous, en laisser l’honneur presque entier à M. Dumolard. Or, si Voltaire se flanqua ainsi de Dumolard, c’est qu’il n’était pas fâché : 1° d’opposer aux parodistes un éloge bien pouponné de sa tragédie ; 1° de critiquer sans scandale, sous le masque, maître Crébillon son rival, qu’il avait encensé publiquement, par convenance, le jour de la première représentation d’O- reste. (G. A.)

1. VÉlectre de Baïf a été imprimée en 1537.

2. Le 22 février 1719.

3. Le 14 décembre 1708.

4. Electre, tragédie du baron de Walef, qui fait partie de ses Œuvres. 1731, cinq volumes in-8", a été imprimée séparément en 1734, in-8°. Pradon avait donné une Electre en 1677. Depuis Voltaire, Lauraguais a donné sa Clytemnestre, tragédie en cinq actes et en vers, 1761, in-8°. VElectre, tragédie en cinq actes, imitée de Sophocle, par M. de Bochefort, parut en l’8'2, in-8" ; Gondeville de Montriché a fait imprimer son Éçiysthe-Clytemnestre en 1813. VOreste de Mely-Janin est de 1821. La Clytemnestre de M. Soumet a été jouée et imprimée en 1822. (B.)