ACTE deuxième
Scène 1
Tandis que tout s’apprête, et que ta main hardie
Va de Rome et du monde allumer l’incendie,
Tandis que ton armée approche de ces lieux,
Sais-tu ce qui se passe en ces murs odieux ?
Je sais que d’un consul la sombre défiance
Se livre à des terreurs qu’il appelle prudence ;
Sur le vaisseau public ce pilote égaré
Présente à tous les vents un flanc mal assuré ;
Il s’agite au hasard, à l’orage il s’apprête,
Sans savoir seulement d’où viendra la tempête.
Ne crains rien du sénat : ce corps faible et jaloux
Avec joie en secret l’abandonne à nos coups.
Ce sénat divisé, ce monstre à tant de têtes,
Si fier de sa noblesse, et plus de ses conquêtes,
Voit avec les transports de l’indignation
Les souverains des rois respecter Cicéron.
César n’est point à lui, Crassus le sacrifie.
J’attends tout de ma main, j’attends tout de l’envie.
C’est un homme expirant qu’on voit d’un faible effort
Se débattre et tomber dans les bras de la mort.
Il a des envieux, mais il parle, il entraîne ;
Il réveille la gloire, il subjugue la haine ;
Il domine au sénat.
Je le brave en tous lieux ;