Je devais… un billet remis entre vos mains…
Consul… de tous côtés je vois vos assassins…
Je me meurs…
(On emmène Aurélie.)
S’il se peut, qu’on la secoure, Aufide ;
Qu’on cherche cet écrit. En est-ce assez, perfide ?
Sénateurs, vous tremblez, vous ne vous joignez pas
Pour venger tant de sang, et tant d’assassinats ?
Il vous impose, encor ? Vous laissez impunie
La mort de Nonnius, et celle d’Aurélie ?
Va, toi-même as tout fait ; c’est ton inimitié
Qui me rend dans ma rage un objet de pitié :
Toi, dont l’ambition, de la mienne rivale,
Dont la fortune heureuse, à mes destins fatale,
M’entraîna dans l’abîme où tu me vois plongé.
Tu causas mes fureurs, mes fureurs t’ont vengé.
J’ai haï ton génie, et Rome qui l’adore ;
J’ai voulu ta ruine, et je la veux encore.
Je vengerai sur toi tout ce que j’ai perdu :
Ton sang paiera ce sang à tes yeux répandu :
Meurs en craignant la mort, meurs de la mort d’un traître,
D’un esclave échappé que fait punir son maître.
Que tes membres sanglants, dans ta tribune épars,
Des inconstants Romains repaissent les regards.
Voilà ce qu’en partant ma douleur et ma rage
Dans ces lieux abhorrés te laissent pour présage :
C’est le sort qui t’attend, et qui va s’accomplir ;
C’est l’espoir qui me reste, et je cours le remplir.
Qu’on saisisse ce traître.
En as-tu la puissance ?
Oses-tu prononcer quand le sénat balance ?