Vous en êtes capable.
Assurément.
Vous oseriez trahir impudemment
De votre rang toute la bienséance ;
Humilier ainsi votre naissance ;
Et, dans la honte où vos sens sont plongés,
Braver l'honneur ?
Dites les préjugés.
Je ne prends point, quoi qu'on en puisse croire,
La vanité pour l'honneur et la gloire.
L'éclat vous plaît ; vous mettez la grandeur
Dans des blasons : je la veux dans le coeur.
L'homme de bien, modeste avec courage,
Et la beauté spirituelle, sage,
Sans bien, sans nom, sans tous ces titres vains,
Sont à mes yeux les premiers des humains.
Il faut au moins être bon gentilhomme.
Un vil savant, un obscur honnête homme,
Serait chez vous, pour un peu de vertu,
Comme un seigneur avec honneur reçu ?
Le vertueux aurait la préférence.
Peut-on souffrir cette humble extravagance ?
Ne doit-on rien, s'il vous plaît, à son rang ?
Être honnête homme est ce qu'on doit.
Mon sang
Exigerait un plus haut caractère.
Il est très haut, il brave le vulgaire.
Vous dégradez ainsi la qualité !
Non ; mais j'honore ainsi l'humanité.