Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/29

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Je t'aiderai ; j'aime qu'on se marie :
Et la future, est-elle un peu jolie ?

BLAISE

Ah, oui, ma foi ! C'est un morceau friand.

LA BARONNE

Et Blaise en est aimé ?

BLAISE

Certainement.

LE COMTE

Et nous nommons cette beauté divine ?...

BLAISE

Mais, c'est...

LE COMTE

Eh bien ?

BLAISE

C'est la belle Nanine.

LE COMTE

Nanine ?

LA BARONNE

Ah ! Bon ! Je ne m'oppose point
À de pareils amours.

LE COMTE

,

A part,

Ciel ! à quel point
On m'avilit ! Non, je ne le puis être.

BLAISE

Ce parti-là doit bien plaire à mon maître.

LE COMTE

Tu dis qu'on t'aime, impudent !

BLAISE

Ah ! Pardon.

LE COMTE

T'a-t-elle dit qu'elle t'aimât ?

BLAISE

Mais... non,
Pas tout à fait ; elle m'a fait entendre
Tant seulement qu'elle a pour nous du tendre ;
D'un ton si bon, si doux, si familier,
Elle m'a dit cent fois : " cher jardinier,
Cher ami Blaise, aide-moi donc à faire
Un beau bouquet de fleurs, qui puisse plaire
À monseigneur, à ce maître charmant ; "
Et puis d'un air si touché, si touchant,