Et tout nous abandonne aux mains des destructeurs.
Que cette incertitude augmente mes douleurs !
J’ignore à quel excès parviennent nos misères,
Si l’empereur encore au palais de ses pères
A trouvé quelque asile, ou quelque défenseur,
Si la reine est tombée aux mains de l’oppresseur,
Si l’un et l’autre touche à son heure fatale.
Hélas ! Ce dernier fruit de leur foi conjugale,
Ce malheureux enfant, à nos soins confié,
Excite encor ma crainte ainsi que ma pitié.
Mon époux au palais porte un pied téméraire ;
Une ombre de respect pour son saint ministère
Peut-être adoucira ces vainqueurs forcenés.
On dit que ces brigands aux meurtres acharnés,
Qui remplissent de sang la terre intimidée,
Ont d’un dieu cependant conservé quelque idée ;
Tant la nature même, en toute nation,
Grava l’être suprême et la religion.
Mais je me flatte en vain qu’aucun respect les touche ;
La crainte est dans mon cœur, et l’espoir dans ma bouche ;
Je me meurs…
Scène II.
Notre sort sans retour est-il déterminé ?
Hélas ! Qu’avez-vous vu ?
Le malheur est au comble ; il n’est plus, cet empire[1] :
- ↑ Tout ce récit est imité de Virgile :
· · · Fuimus Troes, fuit Ilium et ingens
Gloria Teucrorum · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · Incensa Danai dominantur in urbe.
Æn, lib. II, v. 325.
Voyez encore Æn, lib. V, v. 361, 500, etc.