Mais ce fils, cet objet de crainte et de tendresse,
L’abandonnerez-vous ?
Tu me perces le cœur. Ah ! Sacrifice affreux !
Que n’avais-je point fait pour ce fils malheureux !
Mais Gengis, après tout, dans sa grandeur altière,
Environné de rois couchés dans la poussière,
Ne recherchera point un enfant ignoré,
Parmi les malheureux dans la foule égaré ;
Ou peut-être il verra d’un regard moins sévère
Cet enfant innocent dont il aima la mère :
À cet espoir au moins mon triste cœur se rend ;
C’est une illusion que j’embrasse en mourant.
Haïra-t-il ma cendre, après m’avoir aimée ?
Dans la nuit de la tombe en serai-je opprimée ?
Poursuivra-t-il mon fils ?
Scène II.
Idamé, demeurez :
Attendez l’empereur en ces lieux retirés.
Veillez sur ces enfants ; et vous à cette porte,
Tartares, empêchez qu’aucun n’entre et ne sorte.
Éloignez-vous.
J’obéis, il le faut, je cède à son pouvoir.
Si j’obtenais du moins, avant de voir un maître,
Qu’un moment à mes yeux mon époux pût paraître,
Peut-être du vainqueur les esprits ramenés
Rendraient enfin justice à deux infortunés.
Je sens que je hasarde une prière vaine :
La victoire est chez vous implacable, inhumaine ;
Mais enfin la pitié, seigneur, en vos climats,