Il est vrai que j’aurais voulu joindre à la consolation de vous voir celle d’embrasser aussi Sophronime et Aglaé : je suis étonné de ne les pas voir ici ; ils auraient rendu mes derniers moments encore plus doux qu’ils ne sont.
Hélas ! Ils ignorent que vous avez consommé l’iniquité de vos juges : ils parlent au peuple ; ils encouragent les magistrats qui ont pris votre parti. Aglaé révèle le crime d’Anitus : sa honte va être publique : Aglaé et Sophonime vous sauveraient peut-être la vie. Ah ! Cher Socrate, pourquoi avez-vous précipité vos derniers moments ?
Scène IV.
Divin Socrate, ne craignez rien ; Xantippe, consolez-vous ; dignes disciples de Socrate, ne pleurez plus.
Vos ennemis sont confondus : tout le peuple prend votre défense.
Nous avons parlé, nous avons révélé la jalousie et l’intrigue de l’impie Anitus. C’était à moi de demander justice de son crime, puisque j’en étais la cause.
Anitus se dérobe par la fuite à la fureur du peuple, on le poursuit lui et ses complices ; on rend des grâces solennelles aux juges qui ont opiné en votre faveur. Le peuple est à la porte de la prison, et attend que vous paraissiez, pour vous conduire chez vous en triomphe. Tous les juges se sont rétractés.
Hélas ! Que de peines perdues !
Ô ciel ! Ô Socrate ! Pourquoi obéissiez-vous ?
Vivez, cher Socrate, bienfaiteur de votre patrie, modèle des hommes, vivez pour le bonheur du monde.
Couple vertueux, dignes amis, il n’est plus temps.