Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LADY ALTON.

Eh bien ? …

LINDANE, en rendant le portrait.

Je ne l’aime plus.

LADY ALTON.

Gardez votre résolution et votre promesse ; sachez que c’est un homme inconstant, dur, orgueilleux, que c’est le plus mauvais caractère…

LINDANE.

Arrêtez, madame ; si vous continuiez à en dire du mal, je l’aimerais peut-être encore. Vous êtes venue ici pour achever de m’ôter la vie ; vous n’aurez pas de peine. Polly, c’en est fait ; allons cacher la dernière de mes douleurs.

(Elles sortent.)


Scène III.


lady ALTON, FRÉLON.

LADY ALTON.

Quoi ! être trahie, abandonnée pour cette petite créature ! (À Frélon) Gazetier littéraire, approchez ; m’avez-vous servie ? avez-vous employé vos correspondances ? m’avez-vous obéi ? avez-vous découvert quelle est cette insolente qui fait le malheur de ma vie ?

FRÉLON.

J’ai rempli les volontés de Votre Grandeur ; je sais qu’elle est Écossaise, et qu’elle se cache.

LADY ALTON.

Voilà de belles nouvelles !

FRÉLON.

Je n’ai rien découvert de plus jusqu’à présent.

LADY ALTON.

Et en quoi m’as-tu donc servie ?

FRÉLON.

Quand on découvre peu de chose, on ajoute quelque chose, et quelque chose avec quelque chose fait beaucoup. J’ai fait une hypothèse.

LADY ALTON.

Comment, pédant ! une hypothèse !

FRÉLON.

Oui, j’ai supposé qu’elle est malintentionnée contre le gouvernement.