ÉPITRE DÉDICATOIRE. 497
fois. Ce sera le partage des génies qui viendront après nous. Jaurai du moins encouragé ceux qui me feront oublier.
C’est dans cet esprit, madame, que je dessinai la faible esquisse que je soumets à vos lumières. Je la crayonnai dès que je sus que le théâtre de Paris était changé’, et devenait un vrai spectacle. Des jeunes gens de beaucoup de talent la représentèrent avec moi sur un petit théâtre que je lis faire à la campagne. Quoique ce théâtre fût extrêmement étroit, les acteurs ne furent point gênés ; tout fut exécuté facilement : ces boucliers, ces devises, ces armes qu’on suspendait dans la lice, faisaient un effet qui redoublait l’intérêt, parce que cette décoration, cette action devenait une partie de l’intrigue. Il eût fallu que la pièce eût joint à cet avantage celui d’être écrite avec plus de chaleur, que j’eusse pu éviter les longs récits, que les vers eussent été faits avec plus de soin. Mais le temps- où nous nous étions proposé de nous donner ce divertissement ne permettait pas de délai ; la pièce fut faite et apprise en deux mois^
Mes amis me mandent que les comédiens de Paris ne l’ont représentée que parce qu’il en courait une grande quantité de copies infidèles \ Il a donc fallu la laisser paraître avec tous les défauts que je n’ai pu corriger. Mais ces défauts mêmes instruiront ceux qui voudront travailler dans le même goût"’.
1. Grâce au duc de Lauraguais : voyez, page 400, la note des éditeurs de Kehl et la note de Beuchot.
2. Dans les éditions déjà citcps de Prault et de Duchosne. on lit : « Mais le temps pressait auquel on s’était proposé de donner ce nouveau spectacle. La pièce, etc. » (B.)
3. Dans les éditions de Prault et de Duchesne déjà citées, on lit cette phrase de plus :
« Elle fut jouée par des Français et par des étrangers réunis : c’est peut-être le seul moyen d’empêcher que la pureté de la langue ne se corrompe, et que la prononciation ne s’altère dans les pays où l’on nous fuit l’honneur de parler fran- çais. » (B.)
4. Ceci nous a été confirmé par M. Wagnière. Il avait fait plusieurs copies de la pièce. Les pi-emières qui furent envoyées à Paris y furent communiquées indiscrètement à des curieux ; elles se multiplièrent ; plusieurs furent plus ou moins altérées ou falsifiées ; celle dont se servirent d’abord les comédiens n’était pas la meilleure, et ne contenait pas les dernières corrections de l’auteur. {Note posthume de M. Decroix.)
5. Dans les éditions de Prault et de Duchesne, on lit de plus :
« Je ne saurais trop recommander qu’on cherche à mettre sur notre scène quelques parties de notre histoire de France. On m’a dit que les noms des anciennes maisons qu’on retrouve dans Zaïre, dans le Duc de Foix, dans Tancrède, ont fait plaisir à la nation. C’est encore peut-être un nouvel aiguillon de gloire pour ceux qui descendent de ces races illustres. Il me semble qu’après avoir fait paraître tant de héros étrangers sur la scène, il nous manquait d’y montrer les nôtres. J’ai eu le bonheur de peindre le grand, l’aimable Henri IV, dans un poërae qui ne dépluit
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