Il m’ordonne de vous dire qu’il s’est repenti[1] de vous avoir fait régner.
Dieu, se repentir ! Il n’y a que ceux qui font des fautes qui se repentent ; sa sagesse éternelle ne peut être imprudente. Dieu ne peut faire des fautes.
Il peut se repentir d’avoir mis sur le trône ceux qui en commettent.
Eh ! quel homme n’en commet pas ? Parlez, de quoi suis-je coupable ?
D’avoir pardonné à un roi.
Comment ! la plus belle des vertus serait regardée chez vous comme un crime ?
Tais-toi, ne blasphème point. (À Saül) Saül, ci-devant roi des Juifs[2], Dieu ne vous avait-il pas ordonné par ma bouche d’égorger tous les Amalécites, sans épargner ni les femmes, ni les filles, ni les enfants à la mamelle[3] ?
Ton Dieu t’avait ordonné cela ! Tu t’es trompé, tu voulais dire ton diable.
Préparez-vous à m’obéir ; et vous, Saül, avez-vous obéi à Dieu ?
Je n’ai pas cru qu’un tel ordre fût positif ; j’ai pensé que la bonté était le premier attribut de l’Être suprême, qu’un cœur compatissant ne pouvait lui déplaire.
Vous vous êtes trompé, homme infidèle : Dieu vous réprouve, votre sceptre passera dans d’autres mains[4].
Quelle insolence ! Seigneur, permettez-moi de punir ce prêtre barbare.