Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/59

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Faisant une petite révérence à la baronne,

Bonjour, madame.

LA BARONNE

A part,

Hom ! La vieille bégueule !
Madame, il faut vous laisser le plaisir
D'entretenir monsieur tout à loisir.
Je me retire.

Elle sort,


Scène XII

.

LA MARQUISE, LE COMTE
LA MARQUISE

Parlant fort vite, et d'un ton de petite vieille babillarde,

Eh bien ! Monsieur le comte,
Vous faites donc à la fin votre compte
De me donner la baronne pour bru ;
C'est sur cela que j'ai vite accouru.
Votre baronne est une acariâtre,
Impertinente, altière, opiniâtre,
Qui n'eut jamais pour moi le moindre égard ;
Qui l'an passé, chez la marquise Agard,
En plein souper me traita de bavarde :
D'y plus souper désormais dieu me garde !
Bavarde, moi ! Je sais d'ailleurs très bien
Qu'elle n'a pas, entre nous, tant de bien :
C'est un grand point ; il faut qu'on s'en informe ;
Car on m'a dit que son château de L'Orme
À son mari n'appartient qu'à moitié ;
Qu'un vieux procès, qui n'est pas oublié,
Lui disputait la moitié de la terre.
J'ai su cela de feu votre grand-père :
Il disait vrai, c'était un homme, lui ;
On n'en voit plus de sa trempe aujourd'hui.
Paris est plein de ces petits bouts d'homme,
Vains, fiers, fous, sots, dont le caquet m'assomme,
Parlant de tout avec l'air empressé,
Et se moquant toujours du temps passé.
J'entends parler de nouvelle cuisine,
De nouveaux goûts ; on crève, on se ruine :