Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/590

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AGAG.

Et si j’étais assez faible pour être de ta religion, me donnerais-tu la vie ?

SAMUEL.

Non ; tu auras la satisfaction de mourir juif, et c’est bien assez.

AGAG.

Frappez donc, bourreaux !

SAMUEL.

Donnez-moi cette hache, au nom du Seigneur ; et tandis que[1] je couperai un bras, coupez une jambe, et ainsi de suite morceau par morceau.

(Ils frappent tous ensemble au nom d’Adonaï.)
AGAG.

Ô mort ! ô tourments ! ô barbares !

SAÜL.

Faut-il que je sois témoin d’une abomination si horrible !

BAZA.

Dieu vous punira de l’avoir soufferte.

SAMUEL, aux prêtres.

Emportez ce corps et cette table : qu’on brûle les restes de cet infidèle, et que ses chairs servent à nourrir nos serviteurs. (À Saül) Et vous, prince, apprenez à jamais qu’obéissance vaut mieux que sacrifice[2].

SAUL, se jetant dans un fauteuil.

Je me meurs ; je ne pourrai survivre à tant d’horreurs et à tant de honte.


Scène IV.

SAÜL, BAZA, Un messager.
Le messager

.

Seigneur, pensez à votre sûreté ; David approche en armes ; il est suivi de cinq cents brigands[3] qu’il a ramassés ; vous n’avez ici qu’une garde faible.

  1. Rois, I, chap. xv, verset 33. Le texte de la pièce anglaise porte : Heu, him into pieces before the lord.
  2. Rois, I, chap. xv, verset 22.
  3. Rois, 1, chap. xxx, versets 8, 9. — Le texte de la Vulgate dit six cents. (B.)