ACTE DEUXIÈME.
Scène I.
Impitoyable époux, prétends-tu attenter à la vie de mon père, de ton bienfaiteur, de celui qui, t’ayant d’abord pris pour son joueur de harpe[1], te fit bientôt après son écuyer, qui enfin t’a mis dans mes bras ?
Il est vrai, ma chère Michol, que je lui dois le bonheur de posséder vos charmes ; il m’en a coûté assez cher : il me fallut apporter à votre père deux cents prépuces[2] de Philistins pour présent de noces. Deux cents prépuces ne se trouvent pas si aisément : je fus obligé de tuer deux cents hommes pour venir à bout de cette entreprise ; et je n’avais pas la mâchoire d’âne de Samson ; mais eût-il fallu combattre toutes les forces de Babylone et d’Égypte, je l’aurais fait pour vous mériter ; je vous adorais et je vous adore.
Et pour preuve de ton amour, tu en veux aux jours de mon père !
Dieu m’en préserve ! je ne veux que lui succéder : vous savez que j’ai respecté sa vie, et que, lorsque je le rencontrai dans une caverne, je ne lui coupai que le bout de son manteau[3] ; la vie du père de ma chère Michol me sera toujours précieuse.
Pourquoi donc te joindre à ses ennemis ? Pourquoi te souiller