Milord, deux de vos serviteurs viennent d’assassiner Isboseth, qui avait l’insolence de vouloir succéder à son père, et de vous disputer le trône ; on l’a jeté par les fenêtres ; il nage dans son sang ; les tribus qui lui obéissaient ont fait serment de vous obéir, et l’on vous amène sa sœur Michol votre femme, qui vous avait abandonné[1] , et qui venait de se marier à Phaltiel, fils de Saïs.
On aurait mieux fait de la laisser avec lui ; que veut-on que je fasse de cette bégueule-là ? Allez, mon cher Joab, qu’on l’enferme ; allez, mes amis, allez saisir tout ce que possédait Isboseth, apportez-le-moi, nous le partagerons ; vous, Joab, ne manquez pas de faire pendre ceux qui m’ont délivré d’Isboseth, et qui m’ont rendu ce signalé service ; marchez tous devant le Seigneur avec confiance ; j’ai ici quelques petites affaires un peu pressées ; je vous rejoindrai dans peu de temps pour rendre tous ensemble des actions de grâces au Dieu des armées qui a donné la force à mon bras, et qui a mis sous mes pieds le basilic et le dragon.
Huzza ! Huzza[2] ! longue vie à David, notre bon roi, l’oint du Seigneur, le père de son peuple.
Faites entrer Bethsabée.
Scène II.
Ma chère Bethsabée, je ne veux plus aimer que vous : vos dents sont comme un mouton qui sort du lavoir ; votre gorge est comme une grappe de raisin, votre nez comme la tour du mont Liban ; le royaume que le Seigneur m’a donné ne vaut pas un de vos embrassements : Michol, Abigaïl, et toutes mes autres femmes, sont dignes tout au plus d’être vos servantes[3].