Scène V.
Eh ! voilà Nathan le voyant, Dieu me pardonne ! que vient-il faire ici ?
Sire, écoutez et jugez : il y avait un riche qui possédait[1] cent brebis, et il y avait un pauvre qui n’en n’avait qu’une ; le riche a pris la brebis, et a tué le pauvre : que faut-il faire du riche ?
Certainement il faut qu’il rende quatre brebis.
Sire, vous êtes le riche, Urie était le pauvre, et Bethsabée est la brebis.
Moi, brebis !
Ah ! j’ai péché, j’ai péché, j’ai péché[2].
Bon, puisque vous l’avouez, le Seigneur va transférer[3] votre péché : c’est bien assez qu’Absalon ait couché avec toutes vos femmes : épousez la belle Bethsabée ; un des fils que vous aurez d’elle régnera sur tout Israël : je le nommerai aimable, et les enfants des femmes légitimes et honnêtes seront massacrés.
Par Adonaï, tu es un charmant prophète ; viens çà que je t’embrasse.
Eh ! là, là, doucement : qu’on donne à boire au prophète ; réjouissons-nous, nous autres : allons, puisque tout va bien, je veux faire des chansons gaillardes : qu’on me donne ma harpe.
