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ACTE III


Scène I

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NANINE, vêtue en paysanne, GERMON
GERMON

Nous pleurons tous en vous voyant sortir.

NANINE

J'ai tardé trop ; il est temps de partir.

GERMON

Quoi ! Pour jamais, et dans cet équipage ?


NANINE

L'obscurité fut mon premier partage.

GERMON

Quel changement ! Quoi ! Du matin au soir...
Souffrir n'est rien ; c'est tout que de déchoir.

NANINE

Il est des maux mille fois plus sensibles.

GERMON

J'admire encor des regrets si paisibles.
Certes, mon maître est bien malavisé ;
Notre baronne a sans doute abusé
De son pouvoir, et vous fait cet outrage :
Jamais monsieur n'aurait eu ce courage.

NANINE

Je lui dois tout : il me chasse aujourd'hui ;
Obéissons. Ses bienfaits sont à lui ;
Il peut user du droit de les reprendre.

GERMON

À ce trait-là qui diable eût pu s'attendre ?
En cet état qu'allez-vous devenir ?

NANINE

Me retirer, longtemps me repentir.