Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/64

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GERMON

Que nous allons haïr notre baronne !

NANINE

Mes maux sont grands, mais je les lui pardonne.

GERMON

Mais que dirai-je au moins de votre part
À notre maître, après votre départ ?

NANINE

Vous lui direz que je le remercie
Qu'il m'ait rendue à ma première vie,
Et qu'à jamais sensible à ses bontés
Je n'oublierai... rien... que ses cruautés.

GERMON

Vous me fendez le coeur, et tout à l'heure
Je quitterais pour vous cette demeure ;
J'irais partout avec vous m'établir :
Mais Monsieur Blaise a su nous prévenir ;
Qu'il est heureux ! Avec vous il va vivre :
Chacun voudrait l'imiter, et vous suivre.

NANINE

On est bien loin de me suivre... ah ! Germon !
Je suis chassée... et par qui ! ...

GERMON

Le démon
A mis du sien dans cette brouillerie :
Nous vous perdons... et monsieur se marie.

NANINE

Il se marie ! ... ah ! Partons de ce lieu ;
Il fut pour moi trop dangereux... adieu...


Elle sort,

GERMON

Monsieur le comte a l'âme un peu bien dure :
Comment chasser pareille créature !
Elle paraît une fille de bien :
Mais il ne faut pourtant jurer de rien.