cependant ma remarque subsiste (comme dit Dacier). Tout ce que je sais, c’est que si j’en avais quatre-vingt-treize, je vous aimerais autant qu’à trente. La lie de mon vin vous appartient comme la mère-goutte, et mon cœur est tout jeune quand je pense à vous.
Je vous souhaite la bonne année, mon cher ange ; les années
heureuses sont faites pour vous.
Jouissez de votre repos, monsieur, et de l’amitié des honnêtes gens, qui rend ce repos si agréable. Je ne sais où est M. Turgot, ni ce qu’il fait. Je vous prie de lui dire, quand vous le verrez, qu’il y a sur la frontière de Suisse un mourant qui lui est plus attaché que tous les vivants de Paris.
Permettez que je vous adresse cette petite lettre pour M, de
La Harpe[3].
Je vous souhaite de tout mon cœur une bonne année, une
vie plus heureuse que la mienne, et une santé meilleure.
Je finis dans les douleurs l’année 1776, et je commence l’autre de même.
Votre très-humble et obéissant serviteur, V.
Mon cher et illustre maître, j’ai reçu vos deux lettres. Je trouve que Confucius a mieux défini la gravité d’un sage, et La Rochefoucauld la gravité d’un sot. Cela vient peut-être de ce qu’à la Chine la gravité est la contenance, tandis qu’en France elle est le masque des sots. Je ne me souviens
pas d’avoir vu en France un seul homme grave qui ne fût un homme médiocre ; il en est sans doute autrement à la Chine.
Le Journal de littérature ne fera point usage de votre lettre par pure modestie ; ce journal a un succès fort au-dessous de son mérite. On trouve que M. de La Harpe parle de lui trop longuement et trop souvent ; qu’il