Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/103

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AVERTISSEMENT

POUR LA PRESENTE ÉDITION.

Dans sa brillanto jeunesse, Voltaire avait mis ([uinze jours h ébaucher Zaïre. Il ne lui en avait fallu (|ue huit pour es(|uisser Rome sauvée, à cinquante-six ans. A soixante-huit ans, six jours lui suffisent pour mettre sur pied Olympie, ou la Famille d’Alexandi^e. Il écrit au cardinal de Bernis, le 26 octobre 1761 : « La rage s’empara de moi un dimanche, et ne me ([uitta que le samedi suivant, .l’allai toujours rimant, toujours barbouillant ; le sujet me jjortait à pleines voiles. La pièce est toute faite pour un cardinal. La scène est dans une église, il y a une absolution générale, une confession. une rechute, une religieuse, un évêque. Vous allez croire que j’ai encore le diable au corps en vous écrivant tout cela. Point du tout, je suis dans mon bon sens. Figuiez-vous que ce sont les mystères de la Bonne Déesse, la veuve et la fille d’Alexandre retirées dans le temple ; tout ce ({ue l’ancienne religion a de plus auguste, tout ce que les plus grands malheurs ont de touchant^ les grands crimes de funeste, les passions de déchirant, et la peinture de la vie humaine de plus vrai. »

Mais la révision fut longue, comme toujouis. La nouvelle tragédie ne fut représentée sur le Théâtre-Français que le M mars 1764. « On va nous donner encore, écrit Fréron à l’abbé Gossart^ une rapsodie tragi{|ue de Voltaire, intitulée Olympie. et tout le monde lui ap|)li(|ue son titre : ô l’impie ! »

Voltaire feint de croire que le jeu de mots ne s’adresse qu’à la pièce : « V impie ! n’est pas juste, écrit-il à d’Alembert, car rien n’est plus |)ie que cette pièce ; et j’ai grand’peur qu’elle ne soit bonne qu’à être jouée dans un couvent de nonnes le jour de la fête de l’abbesse. »

Olympie fut assez favorablement accueillie ; elle eut di\ représentations dans sa nouveauté.

Voltaire avait emprunté ce sujet au Caasandre de La Calprenède. « Il convenait au génie, dit Laharpe, d’oser nous montrer la fille d’Alexandre se précipitant dans les flammes du bûcher qui va consumer sa mère, et la dignité des personnages relevait encore cette action grande et tragique. Mais il eût fallu nous intéresser davantage à cet amour d’Olympie pour Cassandre et à celui de Cassandre pour Olympie, puisque au sacrifice de cet amour tient tout l’effet de ce dénomment funeste, puisque Olympie