Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène II.

CASSANDRE, SOSTÈNE, ANTIGONE, HERMAS.
Antigone, à Hermas, au fond du théâtre.

Ce secret m’importune, il le faut arracher ;
Je lirai dans son cœur ce qu’il croit me cacher.
Va, ne t’écarte pas.

Cassandre, à Antigone.

Va, ne t’écarte pas.Quand le jour luit à peine,
Quel sujet si pressant près de moi vous amène ?

Antigone.

Nos intérêts, Cassandre ; après que dans ces lieux
Vos expiations ont satisfait les dieux,
Il est temps de songer à partager la terre.
D’Éphèse en ces grands jours ils écartent la guerre :
Vos mystères secrets des peuples respectés
Suspendent la discorde et les calamités ;
C’est un temps de repos pour les fureurs des princes :
Mais ce repos est court ; et bientôt nos provinces
Retourneront en proie aux flammes, aux combats,
Que ces dieux arrêtaient, et qu’ils n’éteignent pas.
Antipatre n’est plus : vos soins, votre courage,
Sans doute, achèveront son important ouvrage ;
Il n’eût jamais permis que l’ingrat Séleucus,
Le Lagide insolent, le traître Antiochus,
D’Alexandre au tombeau dévorant les conquêtes,
Osassent nous braver et marcher sur nos têtes.

Cassandre.

Plût aux dieux qu’Alexandre à ces ambitieux
Fît du haut de son trône encor baisser les yeux !
Plût aux dieux qu’il vécût !

Antigone.

Plût aux dieux qu’il vécût !Je ne puis vous comprendre ;
Est-ce au fils d’Antipatre à pleurer Alexandre ?
Qui peut vous inspirer un remords si pressant ?
De sa mort, après tout, vous êtes innocent.

Cassandre.

Ah ! J’ai causé sa mort.