Scène II.
Ce secret m’importune, il le faut arracher ;
Je lirai dans son cœur ce qu’il croit me cacher.
Va, ne t’écarte pas.
Quel sujet si pressant près de moi vous amène ?
Nos intérêts, Cassandre ; après que dans ces lieux
Vos expiations ont satisfait les dieux,
Il est temps de songer à partager la terre.
D’Éphèse en ces grands jours ils écartent la guerre :
Vos mystères secrets des peuples respectés
Suspendent la discorde et les calamités ;
C’est un temps de repos pour les fureurs des princes :
Mais ce repos est court ; et bientôt nos provinces
Retourneront en proie aux flammes, aux combats,
Que ces dieux arrêtaient, et qu’ils n’éteignent pas.
Antipatre n’est plus : vos soins, votre courage,
Sans doute, achèveront son important ouvrage ;
Il n’eût jamais permis que l’ingrat Séleucus,
Le Lagide insolent, le traître Antiochus,
D’Alexandre au tombeau dévorant les conquêtes,
Osassent nous braver et marcher sur nos têtes.
Plût aux dieux qu’Alexandre à ces ambitieux
Fît du haut de son trône encor baisser les yeux !
Plût aux dieux qu’il vécût !
Est-ce au fils d’Antipatre à pleurer Alexandre ?
Qui peut vous inspirer un remords si pressant ?
De sa mort, après tout, vous êtes innocent.
Ah ! J’ai causé sa mort.