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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/130

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Le lieu, le temps, son âge, ont excité dans moi
La joie et les douleurs, la tendresse et l’effroi.
Ne me trompé-je point ? Le ciel sur son visage
Du héros mon époux semble imprimer l’image…

Olympie.

Que dites-vous ?

Statira.

Que dites-vous ?Hélas ! tels étaient ses regards,
Quand, moins fier et plus doux, loin des sanglants hasards,
Relevant ma famille au glaive dérobée,
Il la remit au rang dont elle était tombée,
Quand sa main se joignit à ma tremblante main.
Illusion trop chère, espoir flatteur et vain !
Serait-il bien possible ?… Écoutez-moi, princesse ;
Ayez quelque pitié du trouble qui me presse.
N’avez-vous d’une mère aucun ressouvenir ?

Olympie.

Ceux qui de mon enfance ont pu m’entretenir
M’ont tous dit qu’en ce temps de trouble et de carnage,
Au sortir du berceau, je fus en esclavage.
D’une mère jamais je n’ai connu l’amour ;
J’ignore qui je suis, et qui m’a mise au jour…
Hélas ! Vous soupirez, vous pleurez, et mes larmes
Se mêlent à vos pleurs, et j’y trouve des charmes…
Eh quoi ! vous me serrez dans vos bras languissants !
Vous faites pour parler des efforts impuissants !
Parlez-moi.

Statira.

Parlez-moi.Je ne puis… je succombe… Olympie !
Le trouble que je sens va me coûter la vie.


Scène IV.

STATIRA, OLYMPIE, L’HIÉROPHANTE.
L’Hiérophante.

Ô prêtresse des dieux ! ô reine des humains !
Quel changement nouveau dans vos tristes destins !
Que nous faudra-t-il faire, et qu’allez-vous entendre ?

Statira.

Des malheurs : je suis prête, et je dois tout attendre.