Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/131

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L’Hiérophante.

C’est le plus grand des biens, d’amertume mêlé ;
Mais il n’en est point d’autre. Antigone troublé,
Antigone, les siens, le peuple, les armées,
Toutes les voix enfin, par le zèle animées,
Tout dit que cet objet à vos yeux présenté,
Qui longtemps comme vous fut dans l’obscurité,
Que vos royales mains vont unir à Cassandre,
Qu’Olympie…


Statira

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L’Hiérophante

Est fille d’Alexandre[1].


Statira, Courant embrasser Olympie.

Ah ! Mon cœur déchiré me l’a dit avant vous.
Ô ma fille ! Ô mon sang ! Ô nom fatal et doux !
* De vos embrassements faut-il que je jouisse,
* Lorsque par votre hymen vous faites mon supplice !

Olympie

.

* Quoi ! Vous seriez ma mère, et vous en gémissez !


Statira

.

* Non, je bénis les dieux trop longtemps courroucés ;
Je sens trop la nature et l’excès de ma joie ;
Mais le ciel me ravit le bonheur qu’il m’envoie :
Il te donne à Cassandre !


Olympie

.

Ah ! Si dans votre flanc
Olympie a puisé la source de son sang,
Si j’en crois mon amour, si vous êtes ma mère,
Le généreux Cassandre a-t-il pu vous déplaire ?


L’Hiérophante

.

* Oui, vous êtes son sang, vous n’en pouvez douter ;
* Cassandre enfin l’avoue, il vient de l’attester,
* Puissiez-vous toutes deux avec lui réunies
* Concilier enfin deux races ennemies !


Olympie

.

* Qui ? Lui ? Votre ennemi ! Tel serait mon malheur !

  1. « Olympie, écrit Voltaire, est une petite fille de quinze ans, simple, tendre,
    effrayée, qui prend à la fin un parti affreux, parce que son ingénuité a causé la
    mort de sa mère, et qui n’élève la voix qu’au dernier vers, quand elle se jette sur
    le bûcher… Ce n’est point Zaîre… ce n’est point Chimène… »