Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/156

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Sostène, elle est leur fille, elle a le droit affreux
De haïr sans retour un époux malheureux.
Je sens qu’elle m’abhorre, et moi je la préfère
Au trône de Cyrus, au trône de la terre.
Ces expiations, ces mystères cachés,
Indifférents aux rois, et par moi recherchés,
Elle en était l’objet ; mon âme criminelle
Ne s’approchait des dieux que pour s’approcher d’elle.


Sostène, Apercevant Olympie.

Hélas la voyez-vous en proie à ses douleurs ?
Elle embrasse un autel, et le baigne de pleurs.


Cassandre

Au temple, à cet autel, il est temps qu’on l’enlève.
Va, cours, que tout soit prêt.


Sostène sort.


Scène V

Cassandre, Olympie.
Olympie, Courbée sur l’autel sans voir Cassandre.

Que mon cœur se soulève
Qu’il est désespéré !… Qu’il se condamne ! Hélas !

Apercevant Cassandre.

Que vois-je ?

Cassandre

Votre époux.


Olympie

Non, vous ne l’êtes pas.
Non, Cassandre… jamais ne prétendez à l’être.


Cassandre

Eh bien ! J’en suis indigne, et je dois me connaître.
Je sais tous les forfaits que mon sort inhumain,
Pour nous perdre tous deux, a commis par ma main ;
J’ai cru les expier, j’en comble la mesure ;
Ma présence est un crime, et ma flamme une injure…
Mais, daignez me répondre… ai-je par mes secours
Aux fureurs de la guerre arraché vos beaux jours ?


Olympie

Pourquoi les conserver ?


Cassandre

Au sortir de l’enfance