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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/171

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Vous sentez tout l’excès de ma calamité :
Apprenez plus ; sachez que je l’ai mérité.
J’ai trahi mes parents, quand j’ai pu les connaître ;
J’ai porté le trépas au sein qui m’a fait naître :
Je trouvais une mère en ce séjour d’effroi ;
Elle est morte en mes bras, elle est morte pour moi.
Elle a dit à sa fille, à ses pieds désolée :
« Épousez Antigone, et je meurs consolée. »
Elle était expirante, et moi, pour l’achever,
Je la refuse.

Antigone.

Je la refuse.Ainsi vous pouvez me braver,
Outrager votre mère, et trahir la nature !

Olympie.

À ses mânes, à vous, je ne fais point d’injure ;
Je rends justice à tous, et je la rends à moi…
Cassandre, devant lui je vous donnai ma foi ;
Voyez si nos liens ont été légitimes ;
Je vous laisse en juger : vous connaissez vos crimes ;
Il serait superflu de vous les reprocher :
Réparez-les un jour.

Cassandre.

Réparez-les un jour.Je ne puis vous toucher !
Je ne puis adoucir cette horreur qui vous presse !

Olympie.

Il faut vous éclairer : gardez votre promesse.

(Le temple s’ouvre ; on voit le bûcher enflammé.)

Scène VII.

OLYMPIE, CASSANDRE, ANTIGONE, L’HIÉROPHANTE,
prêtres, prêtresses.
La Prêtresse inférieure.

Princesse, il en est temps.

Olympie, à Cassandre.

Princesse, il en est temps.Vois ce spectacle affreux :
Cassandre, en ce moment, plains-toi, si tu le peux ;
Contemple ce bûcher, contemple cette cendre ;
Souviens-toi de mes fers, souviens-toi d’Alexandre :
Voilà sa veuve, parle, et dis ce que je dois.