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ACTE V, SCÈNE III. 235

Traîtres, ne cherchez point la main « [ui vous menace ; La voici : vous deviez connaître mon audace. I/art des proscriptions, ([ue j’al)prenais sous vous, M’enseignait à vous perdre, et dirii^eait mes coups. Je nai pu sur vous deux assouvir ma vengeance ; Je l’attends de vous seuls et de votre alliance ; Je l’attends des forfaits <|ui vous ont faits amis ; Ils vont vous diviser comme ils vous ont unis : —Il n’est point d’amitiés entre les parricides. L’un de l’autre jaloux, l’un vers l’autre perfides. Vous détestant tous deux, du monde détestés. Traînant de mers en mers vos infidélités, L’un par l’autre écrasés, et hottereaux et victimes. Puissent vos maux sans nombre être égaux à vos crimes ! Citoyens révoltés, prétendus souverains. Qui vous faites un jeu du malheur des humains, Qui, passant du carnage aux hras de la mollesse, Du meurtre et du plaisir goûtez en paix l’ivresse, Mon nom deviendra clier aux siècles à venir Pour avoir seulement tenté de vous punir.

A.XTOINE.

Qu’on la remène ; allez.

SCÈNE III. JULIE, OCTAVE, ANTOINE, gardes.

JULIE, à Octave.

\li ! souffrez que Julie Loin de ses oppresseurs accompagne Fiilvie. Mon hras n’est point armé ; je n’ai contre vous trois Que mon cœur, ma misère, et nos dieux, et nos lois Vous les méprisez tous ; mais si César encore. Ce nom sacré pour vous, ce nom que Rome honore. Sur vos cœurs endurcis a quehjue autorité. Osez-vous à son sang ravir la liberté ? Pensait-il qu’en ces lieux sa nièce fugitive Du fils qu’il adopta deviendrait la captive ?

OCTAVE.

Pensait-il que Julie avec tant de fureur

Du sang qui la forma pourrait trahir l’honneur ?