312 LES SCYTHES.
Voisins do Ion pays, sont loin de nos limites’ : Si l’air de tes climats a pu les infecter. Dans nos heureux ; cantons il n’a pu se porter. Ces Scythes malheureux ont connu l’avarice ; La fureur (rac(]uérir corrompit leur justice-, Ils n’ont su que servir ; leurs infidèles mains Ont abandonné l’art qui nourrit les humains Pour l’art qui les détruit, l’art alïreux de la guerre ; Ils ont vendu leur sang au\ maîtres de la terre. Meilleurs citoyens qu’eux, et plus ])raves guerriers. Nous volons aux combats, mais c’est pour nos foyers ; Nous savons tous mourir, mais c’est pour la patrie : Nul ne vend parmi nous son honneur ou sa vie. Nous serons, si tu veux, tes dignes alhés ; Mais on n’a point d’amis alors qu’ils sont payés. Apprends à mieux juger de ce peuple équitable. Égal à toi, sans doute, et non moins respectable.
ATHAMARE.
Élève ta patrie, et cherche à la vanter ; C’est Je recours du faible, on peut le supporter, Ma fierté, que permet la grandeur souveraine, Ne daigne pas ici lutter contre la tienne… Te crois-tu juste au moins ?
INDATIRE.
Oui, je puis m’en flatter,
ATHAAIARE.
Rends-moi donc le trésor que tu viens de m’ôter.
INDATIRE.
A toi ?
ATHAMARE.
Rends à son maître une de ses sujettes. Qu’un indigne destin traîna dans ces retraites. In bien dont nul mortel ne pourra me priver, Et que sans injustice on ne peut n’enlever : Rends sur l’heure Obéide.
INDATIRE,
A ta super])e audace, A tes discours altiers, à cet air de menace,
1. Voltaire fltîtrit ici les hauts seigneurs de Berne, qui faisaient commerce d’hommes avec la France. (G. A.) ’ 2. On lit dans Ovide, Met., I, 131 :
Justifiarn corriipit amor sceleratus liabondi.