Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

328 LES SCYTHES.

11 ne vient que pour moi, plein d’amour et d’espoir ; Pour prix d’un seul regard il m’offre un diadème ; 11 met tout à mes pieds ; et, tandis que moi-même J’aurais voulu, Sulma, mettre le monde aux siens. Quand l’excès de ses leux n’égale pas les miens, Lorsque je l’idolâtre, il faudra qu’Obéide Plonge au sein d’Athamare un couteau parricide !

sur. MA. C’est un crime si grand que ces Scythes cruels. Qui du sang des humains arrosent les autels, S’ils connaissaient l’amour qui vous a consumée, Eux-même arrêteraient la main qu’ils ont armée.

OBÉIDE.

Non : ils la porteraient dans ce cœur adoré, Ils l’y tiendraient sanglante, et leur glaive sacré De son sang par mes coups épuiserait ses veines.

SULMA.

Se peut-il ?., .

OBÉIDE,

Telles sont leurs âmes inhumaines ; Tel est l’homme sauvage à lui-même laissé : Il est simple, il est bon, s’il n’est point offensé ; Sa vengeance est sans borne.

SULMA.

Et ce malheureux père. Qui creusa sous vos pas ce gouffre de misère. Au père d’Indatire uni par l’amitié, Consulté des vieillards, avec eux si lié, Peut-il bien seulement supporter qu’on propose L’horrible extrémité dont lui-même est la cause ?

OBÉIDE.

II fait beaucoup pour moi ; j’ose même espérer. Des douleurs dont j’ai vu son cœur se déchirer. Que ses pleurs obtiendront de ce sénat agreste ’ Des adoucissements à leur arrêt funeste.

SULMA.

Ah ! vous rendez la vie à mes sens effrayés : le vous haïrais trop si vous obéissiez.

Le ciel ne verra point ce sanglant sacrifice.

1. On se moqua à Paris de ce sénat agreste, qui nûtait, aux yeux de Voltaire, que le conseil général d’un canton suisse. (G. A.)