VAIIIANTI’S DE CIIARLOT. 387
Produit aux yeux du roi, découvre lo mystère
Le soldat même, à part internigé longtemps.
Menacé de la mort, menacé des tourments,
D’un air simple et naïf a conté ravonturc.
Son grand âge n’est pas le temps de l’imposture ;
Il touche au jour fatal où l’homme ne ment plus
Il a tout confirmé : dos témoins entendus
Sur le lieu, sur le temps, sur chaque circonstance,
Ont sous les yeux du rui mis l’entière évidence.
On ne le trompe point ; il sait sonder les cœurs :
Art difficile et grand qu’il doit à ses malheurs.
Ajouterai-je encor que j’ai vu ce jeune homme
Que pour aimable et brave ici chacun renomme.
De votre père^ hélas ! c’est le portrait vivant ;
Votre père mourut quand vous étiez enfant.
Massacré près do moi dans l’horrible journée
Qui sera de l’Europe à jamais condamnée.
C’est lui-même, vous dis-je ; oui, c’est lui, je l’ai vu :
Frappé de son aspect, j’en suis encore ému ;
J’en pleure ea vous parlant.
LA COMTESSE.
Vous ravissez mon âme.
JULIE.
Que je sens vos bienfaits !
LE DUC.
Agréez donc, madame, Que la triste nourrice, appuyant mes récits, Puisse ici retrouver son véritable fils. Il était expirant, mais on espère encore Qu’il pourra réchapper : sa mère vous implore ; Elle vient : la voici qui tombe à vos genoux.
SCÈNE VII.
LES PRÉCÉDENTS, MADAME A L B i\ N E, CHARLOT.
MADAME AU BON NE, se jclant aux pieds de la comtesse. J’ai mérité la mort.
LA COMTESSE.
C’est assez, levez-vous : Je dois vous pardonner, puisque je suis heureuse. Tu m’as rendu mon sang.
(La porte s’ouvre ; Chariot paraît avec tous les domestiques. ! CHARLOT, dans l’enfoncement, avançant quelques pas. O destinée affreuse ! Où me conduisez-vous ?
LA COMTESSE, courant à lui.
Dans mes bras, mon cher fils !
CHARLOT.
Vous, ma mère ?
LE DUC.
Oui, sans doute.