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386 VARIAMES DE CIIARLOT.

I, E DU C.

Cotte femme à mon maître a dit de point en point Ce que je vais conter… ne vous avilirez point, Madame, et jusqu’au bout souffrez que je m’explique : Vous aviez dans ses mains mis votre fils unique : On le crut mort longtemps ; vous n’aviez jamais vu Ce fils infortuné, de sa mère inconnu.

LA COMTESSE.

Il est trop vrai.

LE D l’c.

C’était au temps même où la guerre, Ainsi que tout l’Ktat, désolait votre terre. Cette femme craignit vos reproches, vos pleurs : Elle crut vous servir en trompant vos douleurs ; Et sans doute en secret elle fut trop flattée Do la fatale erreur où vous fûtes jetée. Vous demandiez ce fils, elle donna le sien.

LA COMTESSE.

Ahl tout mon cœur s’échappe : ah ! grand Dieu ! j r L 1 E.

Tout le mien Est saisi, transporté.

LA COMTESSE.

Quel bonheur !

JULIE.

Quelle joie !

LA COMTESSE

Qu’on amène mon fils ; courons, que je le voie. Mais… serait-il bien vrai ?

LE DUC.

Rien n’est plus avéré.

LA COMTESSE.

Ah ! si j’avais rempli ce devoir si sacré

Do ne pas confier au lait d’une étrangère

Le pur sang de mon sang, et d’être vraiment mère.

On n’aurait jamais fait cet affreux changement.

LE DUC.

Il est bien plus commun qu’on ne croit.

LA COMTESSE.

Cependant Quelle preuve avez-vous ? quel témoin ? quel indice ?

LE DUC.

Le ciel, avec le roi, vous a rendu justice.

Votre fils réchappa ; mais l’échange était fait.

Cet enfant supposé dans vos bras s’élevait.

Vos soins vous attachaient à cette créature.

Et l’habitude en vous passait pour la nature.

La nourrice voulut dissiper votre erreur ;

Elle n’osa jamais alarmer votre cœur.

Craignant, en disant vrai, de passer pour monteuse ;

Et la vérité même était trop dangereuse.

Dans un billet secret avec soin cacheté.

Son mari, vieux soldat, mit cette vérité.

Le billet, déposé dans les mains d’un notaire,