Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/456

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Parle, as-tu pu souffrir un pareil brigandage ?

LE JEUNE GOURVILLE.

Madame, calmez-vous… Monsieur, écoutez-moi.

MONSIEUR AGNANT.

Volontiers ; tu parais un très bon vivant, toi ;
Je t’ai toujours aimé.

LE JEUNE GOURVILLE.

Rassurez-vous, mon frère
Vous, monsieur l’avocat, éclaircissons l’affaire ;
Entendons-nous.

MONSIEUR AGNANT.

Parbleu, l’on ne peut mieux parler :
Il faut toujours s’entendre, et non se quereller.

LE JEUNE GOURVILLE.

Picard, apportez-nous ici sur cette table
De ce bon vin muscat.

MONSIEUR AGNANT.

Il est fort agréable ;
J’en boirai volontiers, en ayant bu déjà :
Asseyons-nous, ma femme, et pesons tout cela.

Il s’assied auprès de la table.
MADAME AGNANT.

Je n’ai rien à peser ; il faut que l’on commence
Par me rendre ma fille.

L’AVOCAT PLACET.

Oui, c’est la conséquence.

Ils se rangent autour de M. Agnant, qui reste assis.
GOURVILLE L’AÎNÉ.

Reprenez-la partout où vous la trouverez,
Et que d’elle et de vous nous soyons délivrés.

MADAME AGNANT.

Eh bien ! vous le voyez, encore il m’injurie,
L’effronté dissolu !

LE JEUNE GOURVILLE., à part, à son frère.

Mon frère, je vous prie,
Gardons-nous de heurter ses préjugés de front.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Non, je n’y puis tenir ; tout ceci me confond.

LE JEUNE GOURVILLE., prenant Mme Agnant à part.

Madame, vous savez combien je suis sincère.

MONSIEUR AGNANT.

Il n’est point frelaté.