Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/457

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LE JEUNE GOURVILLE.

Je ne saurais vous taire
Que depuis quelque temps mon cher frère en effet
Eut avec votre fille un commerce secret.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Ça n’est pas vrai.

LE JEUNE GOURVILLE., à son frère.

Paix donc ; c’est un commerce honnête,
Pur, moral, instructif, pour bien régler sa tête,
Pour éloigner son cœur d’un monde décevant,
Et pour la disposer à se mettre en couvent.

MONSIEUR AGNANT.

Mettre au couvent ma fille ! Oh, le plaisant visage !

MADAME AGNANT.

C’est un impertinent.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Je vous dis…

LE JEUNE GOURVILLE., faisant signe à son frère.

Chut !

GOURVILLE L’AÎNÉ.

J’enrage !

L’AVOCAT PLACET.

Cette excuse louable est d’un cœur fraternel ;
Mais, monsieur, votre aîné n’est pas moins criminel.
Tenez, monsieur, voilà ses missives infâmes,
Et ses instructions pour diriger les âmes.

Il tire des lettres de dessous sa robe.
LE JEUNE GOURVILLE., prenant les lettres.

Prêtez-moi.

L’AVOCAT PLACET.

Les voilà.

LE JEUNE GOURVILLE.

D’un esprit attentif
J’en veux voir la teneur et le dispositif.

L’AVOCAT PLACET.

Mais il faut me les rendre.

LE JEUNE GOURVILLE.

Oui, mais je dois vous dire
Qu’avant de vous les rendre il me faudra les lire.

Il met les lettres dans sa poche ; Mme Agnant se jette dessus, et en prend une.
GOURVILLE L’AÎNÉ.

Allez, ces lettres sont d’un faussaire.