Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/468

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Qu’il a cent mille francs placés dans mes affaires.
Il n’en est pas un mot, et je ne lui dois rien.
Monsieur son frère et lui sont tous les deux sans bien,
Et tous deux au logis cesseront de paraître
Dès le premier moment que j’en serai le maître.

MADAME AGNANT.

Vous n’avez pas à lui le moindre argent comptant ?

MONSIEUR GARANT.

Pas un denier.

MADAME AGNANT.

Mon Dieu, le méchant garnement !

MONSIEUR AGNANT.

C’est dommage.

MADAME AGNANT.

Ma fille, à mes bras enlevée,
Après dîner chez vous ne s’était pas sauvée ?

MONSIEUR GARANT.

Il n’en est pas un mot.

MADAME AGNANT.

Les deux frères, je vois,
D’accord pour m’outrager, s’entendent contre moi.

MONSIEUR AGNANT.

Les fripons que voilà !

MONSIEUR GARANT.

Toujours de ces deux frères
J’ai craint, je l’avouerai, les méchants caractères.

MADAME AGNANT.

Tous deux m’ont pris ma fille ! Ah ! J’en aurai raison ;
Et je mettrai plutôt le feu dans la maison.

MONSIEUR GARANT.

La maison m’appartient ; gardez-vous-en, ma bonne.

MADAME AGNANT.

Quoi donc ! pour épouser nous n’aurons plus personne ?
Allons, courons bien vite après notre avocat ;
Il vaudra mieux que rien.

M. AIGNANT, avec le geste d’un homme ivre.

Ma femme, il est bien plat.