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Scène IV

Ninon, Gourville L’Aîné, Gourvillle Le Jeune, Monsieur Agnant et Madame Agnant, Lisette,Picard
LE JEUNE GOURVILLE.

Adorable Ninon, daignez tranquilliser
Notre madame Agnant, qu’on ne peut apaiser.

MONSIEUR AGNANT.

Elle a tort.

MADAME AGNANT.

Oui, j’ai tort quand ma fille est perdue,
Qu’on ne me la rend point !

LE JEUNE GOURVILLE.

Eh ! Mon Dieu, je me tue
De vous dire cent fois qu’elle est en sûreté.

MADAME AGNANT.

Est-ce donc ce benêt… ou toi, jeune éventé,
Qui m’as pris ma Sophie ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Hélas ! Soyez très sûre
Que je n’y prétends rien.

LE JEUNE GOURVILLE.

Eh bien ! Moi, je vous jure
Que j’y prétends beaucoup.

MADAME AGNANT.

Va, tu n’es qu’un vaurien,
Un fort mauvais plaisant, sans un écu de bien.
J’avais un avocat dont j’étais fort contente ;
Je prétends qu’il revienne, et veux qu’il instrumente
Contre toi pour ma fille ; et tes cent mille francs
Ne me tromperont pas, mon ami, plus longtemps :
Ni vous non plus, madame.

NINON.

Écoutez-moi, de grâce ;
Souffrez sans vous fâcher que je vous satisfasse.

MADAME AGNANT.

Ah ! Souffrez que je crie, et quand j’aurai crié
Je veux crier encore.

MONSIEUR AGNANT.

Eh ! tais-toi, ma moitié.