Scène IV
Adorable Ninon, daignez tranquilliser
Notre madame Agnant, qu’on ne peut apaiser.
Elle a tort.
Oui, j’ai tort quand ma fille est perdue,
Qu’on ne me la rend point !
Eh ! Mon Dieu, je me tue
De vous dire cent fois qu’elle est en sûreté.
Est-ce donc ce benêt… ou toi, jeune éventé,
Qui m’as pris ma Sophie ?
Hélas ! Soyez très sûre
Que je n’y prétends rien.
Eh bien ! Moi, je vous jure
Que j’y prétends beaucoup.
Va, tu n’es qu’un vaurien,
Un fort mauvais plaisant, sans un écu de bien.
J’avais un avocat dont j’étais fort contente ;
Je prétends qu’il revienne, et veux qu’il instrumente
Contre toi pour ma fille ; et tes cent mille francs
Ne me tromperont pas, mon ami, plus longtemps :
Ni vous non plus, madame.
Écoutez-moi, de grâce ;
Souffrez sans vous fâcher que je vous satisfasse.
Ah ! Souffrez que je crie, et quand j’aurai crié
Je veux crier encore.
Eh ! tais-toi, ma moitié.