Madame Ninon parle ; écoutons sans rien dire.
Mes bons, mes chers voisins, daignez d’abord m’instruire
Si c’est votre intérêt et votre volonté
De donner votre fille et sa propriété
À mon jeune Gourville, en cas que par mon compte
À cent bons mille francs sa fortune se monte ?
Oui, parbleu, ma voisine.
Eh bien ! je vous promets
Qu’il aura cette somme.
Ah ! cela va bien… Mais
Pour finir ce marché que de grand cœur j’approuve,
Pour marier Sophie, il faut qu’on la retrouve ;
On ne peut rien sans elle.
Eh bien ! Je veux encor
M’engager avec vous à rendre ce trésor.
Ah !
Mais auparavant je me flatte, j’espère,
Que vous me laisserez finir ma grande affaire
Avec le vertueux, le bon monsieur Garant.
Oui, passe, et puis la mienne ira pareillement.
Et puis la mienne aussi.
C’est une comédie ;
Personne ne s’entend, et chacun se marie.
Soupera-t-on bientôt ? Allons, mon grand flandrin,
Il faut que je t’apprenne à te connaître en vin.
J’y suis bien neuf encore… À tout ce grand mystère
Ma présence, madame, est-elle nécessaire ?
Vraiment oui ; demeurez : vous verrez avec nous