Quelle victime encor leur faut-il immoler ?
Ah ! tyrans !
C’en est trop, mon frère, je vous quitte ;
Je ne contiendrais pas le courroux qui m’irrite :
Je n’ai point de séance au tribunal de sang
Où montent les tribuns par les droits de leur rang ;
Si j’y dois assister, ce n’est qu’en votre absence.
De votre ministère exercez la puissance,
Tempérez de vos lois les décrets rigoureux,
Et, si vous le pouvez, sauvez les malheureux.
Scène III
Ministres de nos dieux, quel sujet vous attire ?
LE GRAND-PRÊTRE.
Leur service, leur loi, l’intérêt de l’empire,
Les ordres de César.
Je les respecte tous,
Je leur dois obéir ; mais que m’annoncez-vous ?
LE GRAND-PRÊTRE.
Nous venons condamner une fille coupable,
Qui, des mages Persans disciple abominable,
Au pied du mont Liban, par un culte odieux,
Invoquait le soleil, et blasphémait nos dieux ;
Envers eux criminelle, envers César lui-même,
Elle ose mépriser notre juste anathème.
Vous devez avec nous prononcer son arrêt ;
Le crime est avéré, son supplice est tout prêt.
Quoi ! la mort !
LE SECOND PRÊTRE.
Elle est juste, et notre loi l’exige.