Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/522

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Si le juge est sévère, il n’est point tyrannique.
Tout soldat que je suis je sais comme on s’explique…
Ma fille, est-il bien vrai que vous ne suiviez pas
Le culte antique et saint qui règne en nos climats ?

ARZAME

Oui, seigneur, il est vrai.

LE GRAND-PRÊTRE.

C’en est assez.

LE SECOND PRÊTRE.

Son crime
Est dans sa propre bouche ; elle en sera victime.

IRADAN

Non, ce n’est point assez et si la loi punit
Les sujets syriens qu’un mage pervertit,
On borne la rigueur à bannir des frontières
Les Persans ennemis du culte de nos pères.
Sans doute elle est Persane ; on peut de ce séjour
L’envoyer aux climats dont elle tient le jour.
Osez, sans vous troubler, dire où vous êtes née,
Quelle est votre famille et votre destinée.

ARZAME

Je rends grâce, seigneur, à tant d’humanité :
Mais je ne puis jamais trahir la vérité ;
Mon cœur, selon ma loi, la préfère à la vie :
Je ne puis vous tromper, ces lieux sont ma patrie.

IRADAN

Ô vertu trop sincère ! ô fatale candeur !
Eh bien ! prêtres des dieux, faut-il que votre coeur
Ne soit point amolli du malheur qui la presse ?
De sa simplicité, de sa tendre jeunesse ?

LE GRAND-PRÊTRE.

Notre loi nous défend une fausse pitié :
Au soleil à nos yeux elle a sacrifié ;
Il a vu son erreur, il verra son supplice.

ARZAME

Avant de me juger connaissez la justice :
Votre esprit contre nous est en vain prévenu ;
Vous punissez mon culte, il vous est inconnu.