A ce tendre dépôt, du sort abandonné,
Je divisai le pain que le ciel m’a donné ;
Ma loi me le commande, et mon sensible zèle,
Seigneurs, pour être humain n’avait pas besoin d’elle.
Eh quoi ! Privé de bien, tu nourris l’étranger !
Et César nous opprime, ou nous laisse égorger !
Que devint cette femme ?…ö dieu de la justice !
Ainsi que ce vieillard, lui devins-tu propice ?
Dans ma retraite obscure elle a langui deux ans ;
Le chagrin desséchait la fleur de son printemps.
Hélas !
Elle mourut ; je fermai sa paupière :
Elle me fit jurer à son heure dernière
D’élever ses enfants dans sa religion :
J’obéis : mon devoir et ma compassion
Sous les yeux de Dieu seul ont conduit leur enfance.
Ces tendres orphelins, pleins de reconnaissance,
M’aimaient comme leur père, et je l’étais pour eux.
Ô destins
Ô moments trop chers, trop douloureux !
Une faible espérance est-elle encor permise ?
Je crains d’écouter trop l’espoir qui m’a surprise.
Et moi, je crains, ma sœur, à ces récits confus,
D’être plus criminel encor que je ne fus.
Que me préparez-vous, ô cieux ! Que dois-je croire ?
Ah ! si la vérité t’a dicté cette histoire,
Pourrais-tu nous donner, après de tels récits,
Quelque éclaircissement sur ma fille et son fils ?
N’as-tu point conservé quelque heureux témoignage,
Quelque indice du moins ?