Ses fonctions, ses droits, je voulais tout quitter :
On m’en prive, et l’affront ne se peut supporter.
Ce n’est point un affront ; ces pertes sont communes,
Préparons-nous, mon frère, à d’autres infortunes :
Notre hymen malheureux, formé chez les Persans,
Est déclaré coupable : on ôte à nos enfants
Les droits de la nature et ceux de la patrie.
Je les ai tous perdus quand cette main impie,
Par la rage égarée, et surtout par l’amour,
A déchiré les flancs à qui je dois le jour ;
Mais il me reste au moins le droit de la vengeance,
On ne peut me l’ôter.
Celui de la naissance
Est plus sacré pour moi que les droits des Romains ;
Des parents généreux sont mes seuls souverains.
Ah ! Ma fille, mes pleurs arrosent ton visage ;
Fille digne de moi, conserve ton courage.
Nous en avons besoin.
Nos lâches oppresseurs
Dédaignent ma colère, insultent à nos pleurs,
Demandent notre sang.
J’en suis la cause unique ;
J’étais le seul objet qu’un sacerdoce inique
Voulait sur leurs autels immoler aujourd’hui,
Pour n’avoir pu connaître un même dieu que lui.
L’empereur serait-il assez peu magnanime
Pour n’être pas content d’une seule victime ?
Du sang de ses sujets veut il donc s’abreuver ?
Le dieu qui sur ce trône a voulu l’élever
Ne l’a-t-il fait si grand que pour ne rien connaître,
Pour juger au hasard en despotique maître ;
Pour laisser opprimer ces généreux guerriers,
Nos meilleurs citoyens, ses meilleurs officiers ?
Sur quoi ? sur un arrêt des ministres d’un temple ;
Eux qui de la pitié devaient donner l’exemple,