Datame ! Ah ! Prévenez le plus grand de ses crimes.
Va, ni lui ni ses dieux n’auront plus de victimes ;
Va, l’on ne verra plus de pareils attentats.
Tranquille il frapperait votre fille en vos bras ;
Et le peuple à genoux, témoin de son supplice,
Des dieux dans son trépas bénirait la justice.
Quand il saura quel sang sa main voulut verser,
Le barbare, crois-moi, n’osera m’offenser.
Quoi que Datame ait fait, je veux qu’on le révère.
Tout prend dans ce moment un nouveau caractère :
Je ferai respecter les droits des nations.
Ne vous attendez pas, dans ces émotions,
Que l’orgueil de Pharès s’abaisse à vous complaire :
Il atteste les lois, mais il prétend les faire.
Il y va de sa vie, et j’aurais de ma main,
Dans ce temple, à l’autel, immolé l’inhumain
Si le respect des dieux n’eût vaincu ma colère.
Je n’étais point armé contre le sanctuaire ;
Mais tu verras qu’enfin je sais être obéi.
S’il ne me rend Datame, il en sera puni,
Dût sous l’autel sanglant tomber mon trône en cendre.
(À Astérie.)
Je cours y donner ordre, et vous pouvez m’attendre.
Seigneur !… sauvez Datame… approuvez notre amour :
Mon sort est en tout temps de vous devoir le jour.
Prends soin de ce vieillard qui lui servit de père
Sur les sauvages bords d’une terre étrangère ;
Veille sur elle.
Que ton cœur paternel aura des ennemis…
Ô toi, divinité qui régis la nature,
Tu n’as pas foudroyé cette demeure impure,