Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/311

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A (.TE V, SCKNH II. 301

Dont le triste succès, à nos neveux fatal, Faisant passer le sceptre en une autre famille, A changé pour Jamais lo sort do la Castille. Par sa valeur trompé, don l*èdre s’est perdu ; Sous son coursier moiiiaiit ce héros abattu, A bientOt du roi Jean subi la destinée. Il tombe, on le saisit.

LÉONORE.

Exécrable journée ! Tu n’es pas à ton comble ! il vit du moins ?

(En se relevant.) iMENDOSE.

llélas ! Le généreux Guesclin le reçoit dans ses hras. Il étanche son sang, il le plaint, le console. Le sert avec respect, engage sa parole Qu’il sera des vainqueurs en tout temps honoré Comme un prince absolu de sa cour entouré. Alors il le présente à l’heureux Transtamare. Dieu vengeur ! qui l’eût cru ?… le Iftche, le barbare, Ivre de son bonheur, aveugle en son courroux, A tiré son poignard, a frappé votre époux ; 11 foule aux pieds ce corps étendu sur le sable… Fuyez, dis-je, évitez l’aspect épouvantable De ce lâche ennemi, né pour vous opprimer, De ce monstre assassin qui vous osait aimer.

LÉONORE.

Moi, fuir… et dans quels lieux ?, .. cher et saint asile, Où je devais mourir oubliée et tranquille. Recevras-tu ma cendre ?

xMENDOSE,

On peut à vos vainqueurs Dérober leur victime et leur cacher vos pleurs. Tout blessé que je suis, le courage et le zèle Donnent à ma faiblesse une force nouvelle.

LÉONORE.

C’en est trop… Cher Mendose… ayez soin de vos jours.

MENDOSE.

Le temps presse, acceptez mes fidèles secours ; Regagnons vos États, ces biens de vos ancêtres.

LÉONORE.

Moi, des biens ! des États !… je n’ai plus que des maîtres…